Avant la guerre, le quartier de l’aéroport de Donetsk était réputé pour abriter de nombreuses villas d’hommes d’affaires ayant fait leur fortune de façon plus où moins claires. C’est dans l’une de ces maisons, que quelques combattants du groupe nationaliste OUN ont retrouvé il y a un an 24 peintures et 70 objets en bronze. Toutes volées dans la nuit du 9 janvier 2005 dans le musée de Westfries situé au nord de la ville de Hoorn aux Pays-Bas. Visiblement plus attirés par l’argent que par l’art, les hommes organisent une équipée vers Kiev après avoir pris rendez-vous avec l’ambassade des Pays-Bas, photo des œuvres en poche. Un traducteur est fourni par l’ambassade, un représentant du musée est également présent pour participer aux discussions. Les soldats réclament 50 millions d’euros en échange des œuvres puis, 5 millions d’euros lors d’une seconde discussion. Mais pour l’ambassade, il est hors de question de payer pour récupérer ces toiles, d’autant plus qu’un expert néerlandais estime désormais leur valeur totale à 500 000 euros. Agacée de voir que des tentatives de ventes via d’autres canaux se multipliaient, l’ambassade néerlandaise a dénoncé l’inactivité du gouvernement ukrainien sans mâcher ses mots : « Les efforts diplomatiques n’ont mené à rien donc nous souhaitons rendre l’histoire publique pour dissuader d’éventuels acheteurs et exposer les pratiques des criminels ukrainiens qui agissent en contact avec les plus hautes sphères politiques du pays ». Des échanges diplomatiques auxquels le président Porochenko avait pris part personnellement lors d’une visite aux Pays-Bas il y a deux semaines. En vain, car les responsables publiquement connus n’ont toujours pas été inquiétés.
Paul Gogo