À Kaliningrad, les Russes regardent vers l’Ouest

Reportage à retrouver sur Ouest-France

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Dans cette enclave russe nichée entre la Pologne et les pays Baltes, les habitants sont aux premières loges quand les relations se tendent entre Moscou et l’Europe.

« Je n’ai jamais mis les pieds en Russie, à Moscou ou Saint-Pétersbourg », explique Julia, employée de 32 ans. La Russie, elle y vit pourtant, à Kaliningrad, cette enclave russe de 200 km² entre la Lituanie et la Pologne. Mais d’aucuns ici font un distinguo entre le petit territoire, l’ancienne Königsberg allemande rattachée à l’URSS en 1946, et le reste de la Russie.

Cette région ultra-militarisée de près d’un million d’habitants a longtemps été fermée, mystérieuse. « Les choses ont changé. Aujourd’hui, la population augmente, des entreprises investissent, les étrangers sont les bienvenus », explique Vadim Khlebnikov, rédacteur en chef adjoint du média indépendant Novyi Kaliningrad.

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70 % des gens ont un visa Schengen

Pour autant, certains lieux sont déconseillés aux étrangers, notamment la proximité des installations de l’armée, employeur numéro un de cette région. La flotte de la Baltique y a son siège, des missiles Iskander y sont déployés face à la présence de troupes de l’Otan en Europe de l’Est.

Le début, hier, des manoeuvres Saber Strike en Pologne et dans les pays Baltes, impliquant 18 000 soldats de l’Alliance atlantique jusqu’au 13 juin, est suivi de près. « Le moindre regain de tension se ressent d’abord chez nous », souligne Vadim Khlebnikov.« Cela ne nous inquiète pas, acquiesce Olga, employée de bureau de 33ans. Mais nous subissons les conséquences plus quà Moscou. »

Près de 70 % des habitants ont un visa Schengen dans leur passeport, délivrés par les consulats lituanien, allemand ou polonais installés à Kaliningrad. « Les récentes tensions internationales rendent l’obtention plus compliquée, mais nous continuons à en recevoir », explique le journaliste.

Résultat, l’embargo de la Russie sur les produits européens est très facilement contourné par les locaux comme par les supermarchés qui proposent quantité de produits allemands. Côté tourisme, le port de Gdansk en Pologne ou Berlin attirent les habitants de l’enclave plus que la capitale russe.

Propagande stérile

Depuis quelques années, les médias d’État s’inquiètent d’une influence de l’Allemagne qui lorgnerait son ancien territoire.

Un centre culturel allemand, qualifié d’agent de l’étranger, a été fermé par les autorités en 2016.

 «Le Kremlin s’inquiète parce que la propagande antieuropéenne ne fonctionne pas ici, puisque nous sommes en Europe et que nous voyons qu’il s’agit de mensonges. Pour autant, il n’y a pas de séparatisme, constate Vadim Khlebnikov. Être attaché à la Russie n’empêche pas d’aimer l’Europe, d’apprécier son esprit, ses libertés. Cela ne semble pas incompatible ici. »

Paul GOGO

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